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Le tapis de danse, un élément scénographique essentiel dans la pièce Freedom Sonata d'Emanuel Gat

03 04 2025

C’est dans les coulisses du Théâtre de la Ville, à Paris, que nous avons rencontré Emanuel Gat, le 17 mars 2025, juste après la première de Freedom Sonata. L’occasion d’échanger sur sa vision de la création, le travail avec ses danseurs, et l’importance d’un élément en apparence anodin mais fondamental : le tapis de danse

Un parcours inattendu vers la chorégraphie

Rien ne prédestinait Emanuel Gat à la danse. Musicien de formation, il découvre cet univers par hasard, lors d’un atelier amateur. Très vite, il se sent à sa place, rejoint une compagnie, et comprend que ce qui le passionne, ce n’est pas d’être interprète, mais de créer. Il se lance alors dans la chorégraphie et se passionne pour l’art du mouvement vivant.

Des règles pour libérer le mouvement

Chez Emanuel Gat, la chorégraphie n’est pas écrite à l’avance. Les mouvements viennent des danseurs eux-mêmes. Le mouvement est changeant, presque mouvant, en perpétuelle (re)création. Le chorégraphe établit un système de règles dans lequel les interprètes gardent leur propre liberté de création. « Je ne travaille pas la chorégraphie à partir du contenu. Je mets en place un système. C’est comme le foot ou le basket : les règles sont là, mais le jeu est vivant. »

“Avec Freedom Sonata, le chorégraphe Emanuel Gat livre une pièce puissante où les rôles sont renversés, où la structure naît de la liberté, et où le tapis de danse devient un véritable partenaire chorégraphique.

Le résultat est une pièce en constante transformation. Très physique, Freedom Sonata maintient les danseurs sur scène pendant 80 minutes, dans une chorégraphie intense faite de flux, de ruptures et de respirations. L’écriture change chaque soir, influencée par l’énergie du groupe et les réactions du public. « Il y a une véritable connexion entre les danseurs et le public. Ils vont jusqu’à sortir de scène de façon spontanée pour s’approprier l’espace habituellement réservé aux spectateurs. »

Une œuvre en perpétuelle mutation

Freedom Sonata prolonge une réflexion qu’Emanuel Gat mène depuis des années : celle d’une œuvre chorégraphique en perpétuelle mutation. Dès 2013, à Montpellier Danse, il ouvrait ses sessions de création au public, interrogeant la notion même d’œuvre. Est-elle dans le processus ? La répétition ? La représentation ? Pour Emanuel Gat, l’œuvre n’est jamais figée. La pièce Freedom Sonata a évolué de 70 % entre sa première en juin et les représentations parisiennes de mars 2025. « En chorégraphie, on ne peut pas créer un objet fini. Ce n’est ni un tableau, ni un film. »

Chaque représentation devient ainsi une version unique de Freedom Sonata, un dialogue constant entre les danseurs, le public et l’espace. La chorégraphie n’est pas une construction statique ; elle est un langage en perpétuelle réécriture.

Le tapis de danse : partenaire chorégraphique essentiel

Le tapis de danse joue un rôle central dans Freedom Sonata. Au cours du spectacle, les danseurs installent progressivement le tapis Harlequin Duo sur celui déjà posé sur scène, un geste scénique qui devient un acte chorégraphique à part entière et permet de passer d’un tapis de danse noir à un tapis de danse blanc, alors que la couleur des costumes s’inverse également, passant du blanc au noir. « Ce qui m’intéresse, c’est le côté humain de l’action. Voir comment un plateau passe d’un état à un autre. »

Le choix du tapis Harlequin Duo, d’une largeur de 1,5 mètre, a été fait pour des raisons logistiques. Les rouleaux de 2 mètres étaient trop lourds, ce qui compliquait leur manipulation. Les danseurs ont dû apprendre à poser le tapis de manière artistique, fluide et rapide, ce qui représente en soi un véritable challenge.

« La sensibilité des danseurs au sol est primordiale. C’est notre outil de travail principal, en plus du corps. Les danseurs sont très sensibles à la texture, au rebond, à la glissance. »

Ce processus, loin d’être anodin, s’inscrit dans une recherche d’interaction continue avec l’espace. « Les danseurs se sont pleinement investis dans cette tâche, au point de réaliser cette opération avec une efficacité et une rapidité supérieures aux techniciens ! »

Photographies | © Emanuel Gat Dance

Un conseil précieux aux futurs chorégraphes

À ceux qui débutent dans la création, Emanuel Gat glisse ce conseil : « Trouvez votre propre façon de faire, de réfléchir, de créer. Ne cherchez pas à copier. »

Prochaines dates

26 juin, LOVETRAIN2020TANEC PRAHA Festival, Prague (CZ)

3 mai, Freedom SonataFestspielhaus Bregenz, Bregenz (AT)

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