A Cuba, qu’elle n’avait jamais voulu abandonner malgré les propositions d’argent et de renommée à l’étranger, Alicia Alonso avait créé une école à part dans le monde du ballet : l’école cubaine, qui mélange rythmes et origines pour donner naissance à un style reconnaissable entre tous.
Danseuse exceptionnelle, elle s’était hissée jusqu’aux sommets malgré un lourd handicap : devenue quasiment aveugle à l’âge de 20 ans après un double décollement de rétine, Alicia Alonso, qui ne distinguait que les ombres, a dansé presque toute sa vie en s’orientant grâce à des repères lumineux disposés sur la scène.
Elle n’avait rangé ses chaussons qu’en 1995, à l’âge de 74 ans. Elle était alors devenue une chorégraphe exigeante, toujours svelte et élégante avec son rouge à lèvres rose et ses longs ongles vernis, qui faisait répéter sans relâche chaque mouvement jusqu’à atteindre la perfection même si elle ne pouvait rien voir. “Moi je danse dans ma tête“, disait-elle souvent.
En 2015, le Grand Théâtre de La Havane est rebaptisé Théâtre Alicia Alonso en signe de reconnaissance pour son apport à la culture cubaine et à sa « fidélité à la Révolution ». « A Cuba, on a planté un arbre, il a donné de très beaux fruits et il continuera d’en donner parce que c’est une très bonne terre et que cet arbre a de très bonnes racines », disait-elle. « Et c’est mon héritage. Pas seulement pour Cuba, mais j’espère pour le monde entier ».
Très touché par la disparition de cette immense figure de la danse, Harlequin présente ses condoléances à sa famille ainsi qu’à tous les danseurs du ballet national de Cuba sur lesquels elle a toujours veillé.
Sur la photo: Alicia Alonso, entourée des danseurs Lorna Feijoo et Óscar Torrado lors des répétitions de Cendrillon à New-York en janvier 1998