Réalisé par Alla Kovgan, membre du groupe d’artistes interdisciplinaires KINODANCE qui depuis 15 ans, travaille à mêler danse et cinéma, ce film poétique de 93 minutes retrace l’évolution artistique de Merce au cours de trois décennies de risques et de découvertes permanents (1944-1972), des premières années de sa carrière de danseur à New York après la guerre, jusqu’à ce qu’il devienne l’un des chorégraphes les plus visionnaires et les plus influents au monde.
Avec audace, le film a choisi la 3D pour mieux immerger le spectateur au cœur de la danse… et bien sûr pour faire un clin d’œil à Cunningham qui n’a jamais hésité à faire intervenir des technologies nouvelles dans ses recherches. L’homme qui avait toujours un dé dans sa poche n’a-t-il pas toujours fait appel à des techniques et des supports toujours nouveaux pour composer ses pièces ?… sans parler des interventions d’artistes : Cage, Warhol, Rauschenberg, Stella, Johns… la liste est longue !
Une des grandes forces de ce documentaire – simplement intitulé « Cunningham » – est de faire alterner images d’archives, témoignages et d’avoir recréé certaines de ses chorégraphies les plus spectaculaires. Remontées avec l’aide de la dernière génération de danseurs de la Merce Cunningham Dance Company et remises en espace dans des cadres variés – parc, cour, toit d’immeuble, forêt… – toutes ces pièces sont l’occasion de mesurer à quel point l’œuvre de Cunningham n’a pas pris une ride et combien son impact a gardé toute sa fraîcheur et sa modernité.
Ce projet international a été réalisé aux États-Unis, en France et en Allemagne où la société de production indépendante Achtung Panda! a contacté Harlequin Floors pour s’équiper de plusieurs tapis de danse (Harlequin Duo, Harlequin Hi-Shine, Harlequin Studio) particulièrement bien mis en valeur dans le documentaire.
« La danse ne vous donne rien en retour, ni manuscrit à vendre, ni peinture à mettre sur les murs, ni poème à imprimer, rien que cette sensation unique de se sentir vivant », affirmait Merce Cunningham, la malice dans le regard.
Jamais d’ailleurs il ne s’était vraiment résolu à quitter la scène. Il s’y glissait encore certains soirs, grand oiseau un peu bancal, quand l’arthrose le lâchait un peu. Ce film magistral le rend plus vivant que jamais.