Entretien avec Gil Roman
Voilà déjà près de 30 ans que le Béjart Ballet Lausanne (BBL) a fait de la capitale vaudoise son port d’attache : son lieu de vie pour les danseurs de la compagnie, son lieu de travail et de répétition, mais aussi son lieu de pure création.
Là sont nées quelques-unes des plus célèbres chorégraphies de Maurice Béjart comme “Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat“(1996) qui a été dansé dans pas moins de 350 villes de par le monde. Un ballet qui exprime à lui seul toute l’histoire du BBL. En effet, c’est au chemin du Presbytère à Lausanne que la compagnie avait élu domicile dix ans plus tôt.
Pour la rénovation de ses studios mythiques situés au chemin du Presbytère, le Béjart Ballet Lausanne a opté pour le plancher Harlequin Liberty, recouvert du tapis de danse Harlequin Studio. Les 42 danseurs de la compagnie et les 40 élèves de l’Ecole-atelier Rudra Béjart pourront ainsi évoluer dans des conditions de sécurité optimale.
Entretien avec Gil Roman, directeur artistique du Béjart Ballet Lausanne (BBL)
Un nouvel écrin se construit pour le BBL. Que pouvez-vous nous en dire ?
Gil Roman: Le BBL est à Lausanne depuis plus de 30 ans. La rénovation de notre bâtiment s’imposait pour répondre aux besoins actuels de l’Ecole-atelier et de la compagnie.
Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez en ce moment ?
Gil Roman: Je présente au début du mois d’avril, à l’Opéra de Lausanne, une création intitulée « Tous les hommes presque toujours s’imaginent », chorégraphiée sur des musiques du compositeur new-yorkais John Zorn. Et en parallèle, nous préparons les programmes des tournées à venir.
Quelles sont vos sources d’inspiration lorsque vous créez un ballet ?
Gil Roman: Tout peut m’inspirer, ce que je lis, ce que je vois, ce que j’entends mais c’est avec mes danseurs que naît la chorégraphie. Ils en sont la source… avec la musique.
Comment voyez-vous la compagnie dans 10 ans ?
Gil Roman: Je ne peux pas répondre à cette question. Faire vivre une compagnie de danse aujourd’hui est un défi permanent.
La plupart des danseurs dans la compagnie n’ont pas connu Maurice Béjart. Comment faites-vous pour perpétuer son esprit ?
Gil Roman: C’est en travaillant avec mes danseurs les chorégraphies de Maurice Béjart, leur musicalité, leurs sens que je transmets tout ce que j’ai appris de lui.
Quel est votre plus beau souvenir de Maurice Béjart ?
Gil Roman: Le plus beau, je ne sais pas, il y en a eu tant… Le plus important, c’est qu’il soit devenu mon Maître.
Quelle différence voyez-vous entre les danseurs d’hier et d’aujourd’hui ?
Gil Roman: Il y a peu et beaucoup de différences à la fois. La société dans sa globalité a changé. Les changements ont influencé nos modes de pensée, notre rapport au travail, nos perceptions, etc. Mais la danse est mouvement. Elle s’inscrit dans le temps présent, avec les danseurs d’aujourd’hui.
La reconversion du danseur est-elle un sujet dont vous parlez aux futurs danseurs au sein de l’école ou de la compagnie ?
Gil Roman: Ce n’est pas un sujet quotidien mais les danseurs ont toute l’information à disposition.
En quoi les réseaux sociaux ont-ils changé la vie des danseurs ?
Gil Roman: Les réseaux sociaux ouvrent tout un champ de possibles… au risque parfois de s’y perdre. La danse peut être un moyen de se recentrer.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune danseur ?
Gil Roman: De rester concentré sur sa pratique. Et de travailler…
La prévention des lésions chez les danseurs était presque tabou il y a quelques années, comment abordez-vous la question au sein de la compagnie ?
Gil Roman: La Fondation Maurice Béjart a permis au BBL d’offrir à la compagnie un Plan de prévention santé. Ce plan réunit des médecins du sport et des physiothérapeutes. Ils travaillent en réseau avec un préparateur physique qui établit des bilans de santé et de performances pendant la saison.
Quelle est l’importance du sol de danse dans la carrière d’un danseur ?
Gil Roman: Elle est essentielle ! L’évolution des matériaux permet d’éviter bien des traumatismes et lésions.
Aviez-vous conscience lorsque vous étiez jeune danseur de l’importance cruciale du sol dans la prévention des lésions ? Était-ce une question qui était abordée ?
Gil Roman: Notre corps nous en rappelait l’importance. On en discutait mais on devait faire avec. Comme ça peut être encore le cas aujourd’hui.
Crédit photo: BBL_PhilippePache