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Malandain Ballet Biarritz - Un Living Lab Exemplaire

06 08 2024

Thierry Malandain a installé sa compagnie à Biarritz en 1998. Devenue le Malandain Ballet Biarritz en 2009, la Compagnie n’a cessé d’enchaîner depuis créations et tournées nationales et internationales.

La santé du danseur : une donnée essentielle au Malandain Ballet Biarritz. À telle enseigne que, loin du médecin attitré qui joue les pompiers de service, la Compagnie a mis au point un processus global qui cible les trois axes de la santé, selon la définition même de l’OMS : la santé physique, la santé mentale et la santé sociale. Un projet exemplaire et ambitieux qui est la clef de la formidable santé de la Compagnie.

Claire Lonchampt et Raphael Canet Cendrillon Olivier

Créée il y a 10 ans à l’issue d’une année qui avait vu 6 danseurs blessés, mettant ainsi en péril tournées et représentations, la « cellule » médicale composée d’un médecin, d’un kinésithérapeute et d’un ostéopathe, a cependant été rapidement confrontée à plusieurs problématiques :

Venant du sport et cherchant à comprendre les spécificités liées à la danse, les praticiens ont dû d’abord faire face à un manque total de littérature scientifique sur le sujet.

Ensuite, une des principales difficultés a été de gagner la confiance des danseurs. « Il fallait parvenir à les persuader de considérer le soin médical non pas comme un élément stigmatisant qui les empêche d’exercer leur art, mais comme un allié, afin qu’ils consultent avant de ne plus pouvoir danser ! Nous avons procédé avec beaucoup d’humilité. » explique Jean-Baptiste Colombier, kinésitérapeute.

Autre difficulté : faire avouer ses blessures au danseur… car un danseur qui dit souffrir, même légèrement est un danseur qui peut ne pas être distribué ! 

Pour cela, sur la base du volontariat, la direction a mis en place des bilans réguliers, adaptés et dédiés à chaque danseur. « A l’issue de ce bilan archi-personnalisé, explique Georges Tran du Phuoc, secrétaire général, un protocole à suivre est bien sûr établi pour prévenir toute blessure quand il s’agira d’encaisser un amorti, propulser, exécuter un balancé, etc. Mais l’originalité réside dans le fait qu’il est croisé avec les objectifs du danseur pour l’aider à progresser physiquement ainsi qu’avec le regard des maîtres de ballet et du chorégraphe. Pour cela, nous avons demandé la décharge du secret médical de façon à ce que la communication soit possible et fluide entre toutes les parties. » 

L’accompagnement ne s’arrête pas là car la santé passe aussi par la tête ! Récemment, le Malandain Ballet Biarritz a proposé des ateliers de PNL, la programmation neuro-linguistique, pour permettre aux danseurs de comprendre certains blocages psychologiques et de les dépasser. 

Des rencontres spécifiques ont même été organisées permettant aux danseurs de s’exprimer en toute liberté sur eux-mêmes, leur permettant ainsi de faire le point sur leurs ambitions, leurs objectifs, les progressions qu’ils espèrent, les moteurs qui les font danser sans oublier les jalousies et les inimitiés qu’ils peuvent ressentir…

Car les blessures ne sont pas que physiques, elles peuvent être psychologiques et faire tout aussi mal. De telles rencontres sont aussi un moyen de prévenir les conflits et les rivalités, tout aussi paralysantes pour la bonne marche d’une Compagnie et d’une tournée que foulures et lésions.

« L’idée, poursuit Jean-Baptiste Colombier, est de mettre en place un Living Lab, un laboratoire vivant où l’on met en relation la compagnie avec des compétences extérieures pour la construction d’un projet global. L’accompagnement est pluriel car la santé du danseur ne se résume pas à des foulures et un mal au dos. Notre philosophie de soin est aux antipodes tant de l’approche anglo-saxonne qui veut faire rentrer les danseurs dans le moule de l’équipe médicale que de l’approche, disons latine, qui soigne ponctuellement, quand il y a problème, sans se soucier de l’avant et de l’après. »

« Tout cela, bien sûr, se partage ! rebondit Georges Tran du Phuoc. L’équipe se déplace très souvent dans des conférences internationales pour diffuser notre expérience et expliquer notre modèle d’accompagnement. L’idée est vraiment que notre démarche profite à tous les professionnels de la danse quels qu’ils soient. »

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