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Trucs et trac !

05 08 2019

Vous entendez le public s’installer dans la salle et les musiciens s’accorder. Vous connaissez parfaitement votre rôle et chaque pas, chaque figure qui le compose. Votre corps est chaud, toutes les articulations ont été réveillées et travaillées. Pourtant, vous respirez trop vite, votre cœur bat la chamade et vos mains sont froides et moites. Bref, vous avez le trac ! 

Le trac est une forme particulière d’émotion, une peur ou une angoisse irraisonnée que l’on ressent avant d’affronter le public. Il implique une conscience de sa fragilité, de la présence du public, d’un rôle à tenir. Le trac a deux versants:

 un positif, « adaptive anxiety », qui permet de se dépasser, de mettre l’organisme en alerte et qui peut améliorer la performance scénique.

– un négatif, « desadaptive anxiety », qui, par excès, entrave la performance en provoquant les troubles des gestes, de la mémoire et induit presque une véritable souffrance.

D’abord, répétez-vous une évidence : ce n’est pas parce que l’on a le trac qu’on est moins bon ou, à l’inverse, ce n’est pas parce que l’on est un incapable qu’on a le trac. Les grands musiciens en ont souffert : Frédéric Chopin, Vladimir Horowitz, Ella Fitzgerald, Paul McCartney, Maria Callas ou Barbara Streisand, et il est fort probable qu’à peu près tous ceux qui vous précèdent, vous suivent, ou sont à vos côtés sur scène, sont dans un état semblable.

Une fois ce fait intégré, il faut reconnaître une autre évidence : inutile d’affronter le trac, c’est perdu d’avance ! En revanche, il faut l’apprivoiser.

Le trac est inconfortable mais doit rester adapté à la situation. Relativisez ! Votre intelligence émotionnelle doit reprendre le dessus. Souvenez-vous de vos réussites, de votre état corporel et des émotions dans lesquelles vous étiez dans ces moments de succès.

Respirez profondément sur un mode abdominal et prolongez l’expiration. Avec ce contrôle respiratoire vous optimiserez la fréquence. Dans le livre d’Ariane Dollfus, Noureev l’insoumis, le danseur français Charles Jude rappelle : “Rudolf nous apprenait à maîtriser notre souffle avec une technique consistant à adopter en coulisse le même rythme cardiaque que sur scène, pour ne pas se fatiguer “.

Et puis, posez-vous une question simple : que veux-tu dire, exprimer avec le rôle que tu interprètes ? Le fait de donner du sens à chaque passage permet de fixer l’attention sur l’interprétation, plutôt que sur la performance. La technique devient secondaire et le danseur se concentre sur ce qu’il veut dire par sa façon d’interpréter une chorégraphie. Noureev conseillait toujours à ses danseurs de ne jamais aller sur scène sans avoir une histoire à raconter.

Beaucoup de techniques existent, de même que des produits soi-disant miracles. Mais aucun ne peut l’éradiquer radicalement. Et tant mieux ! Le trac est avant tout un stimulant qui vous donne l’envie, renforce votre confiance et vous permet de vous surpasser. En l’apprivoisant, et avec l’habitude, il devient une formidable source d’énergie.

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